Comment j’ai trouvé le nom Laforest-Dombourg.

Je n’ai vraiment commencé à écrire qu’après mon départ à la retraite mais il y avait longtemps que j’y pensais et, comme je l’ai déjà indiqué dans mes précédentes publications sur ce site, j’avais accumulé tout un tas d’archives bien avant de connaître internet.

J’ai donné à mon héros narrateur un grand-père paternel acadien réfugié à Louisbourg peu avant ce qu’on a appelé « le grand dérangement ». J’ai eu cette idée en me souvenant d’une conversation que j’avais eue en 1978 chez mes parents avec un cousin Gautier canadien qui était venu en visite en France. Il était brigadier-général dans l’armée canadienne. Une anecdote l’intéressant, que je connais à travers ce que j’avais pu entendre dans ma famille lorsque j’étais jeune, vaut en elle-même d’être racontée, même si je m’éloigne de mon sujet…

Juste à la fin de la deuxième guerre mondiale, à la libération de la France, alors qu’il était capitaine dans l’armée canadienne encore stationnée en Hollande après les durs combats de l’hiver 1944-45, il avait fait un aller-retour de 24h00 en jeep Willis pour aller saluer ses cousins français à Lorient. Mes grands-parents étaient revenus s’installer dans une grande maison rue Brizeux, épargnée par les bombardements, que j’ai connue et qui existe encore même si elle n’est plus dans ma famille depuis longtemps. On m’a raconté que ce Gautier canadien avait à peine eu le temps de boire le verre de l’amitié avant de repartir.

Quel rapport avec les Acadiens ? Eh bien, lorsque j’avais discuté avec le brigadier-général Gautier en 1978 et que je lui avais demandé comment des Gautier avaient pu faire souche au Canada, il m’avait répondu qu’il pensait qu’ils étaient descendants d’Acadiens et il avait ajouté que cela expliquait pourquoi la branche lorientaise de la famille venait de Saint-Pierre et Miquelon où était né mon arrière grand père Gautier. Je n’ai jamais revu ces parents d’outre-atlantique mais, six ans plus tard, j’ai rencontré par hasard, dans le sud-ouest de la France où j’étais en garnison, un descendant d’Acadiens passionné de généalogie qui avait bien voulu faire des recherches sur d’éventuels Gautier descendants d’Acadiens. Je crois me souvenir qu’il n’en avait pas trouvé mais il m’avait fourni des listes complètes de patronymes. Bien plus tard, lorsque j’ai imaginé que mon héros serait d’ascendance acadienne, j’ai pris les noms Laforest et Dombourg dans cette liste.

L’aventure des Acadiens a commencé vers 1603 sous le règne du roi de France Henri IV, lorsque des colons français se sont installés dans la région de l’actuelle Nouvelle Ecosse (Voir le « croquis du Capitaine Lemeur » ci-dessus). Beaucoup de récits et de romans ont décrit la vie de ces Français, ils étaient dispensés d’impôts et pratiquement livrés à eux-mêmes, ils ont défriché la terre et ils se sont étroitement liés aux Amérindiens rencontrés sur place, ils restèrent fidèle à leur roi mais la France les avait un peu délaissés alors que les colons britanniques, beaucoup plus nombreux, étaient activement soutenus par Londres. En 1755, après des guerres et des traités de paix non respectés, le gouverneur Charles Lawrence fit venir 2000 soldats de la Nouvelle Angleterre pour s’emparer par la force de toutes les terres de tout le bétail et de tous les biens des Français afin de les donner à des sujets anglais. Les malheureux Acadiens, dépouillés, manquant de tout, furent entassés dans des conditions particulièrement pénibles à bord de navires qui allèrent les débarquer en plein hiver à travers l’Atlantique nord vers la Nouvelle Angleterre ou vers l’Europe (« le grand dérangement »). Quelques-uns purent s’échapper pour aller se réfugier à Louisbourg. J’évoque largement Louisbourg dans mon deuxième roman, De Saint-Malo à Savannah.

Pour conclure ce petit mot, je crois que les ancêtres Gautier n’étaient pas des Acadiens et que le berceau originel de la famille était vers Saint-Malo. Cependant j’ai entendu dire qu’un arrière arrière arrière grand oncle Gautier avait été marin sur la frégate la Belle Poule du Prince de Joinville sous Louis-Philippe et qu’il avait été débarqué, malade, à Halifax (cf. croquis) entre 1841 et 1843. Il est alors fort possible qu’il ait épousé une arrière petite fille de colons acadiens. Et donc : le brigadier-général Gautier ne se trompait sans doute pas en disant qu’il pensait être un descendant d’Acadiens.

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Goélette

J’ai déjà évoqué les frégates de 12, les chasse-marée et les lougres, tous des types de bâtiments sur lesquels j’ai fait embarquer mon…

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