Goélette

J’ai déjà évoqué les frégates de 12, les chasse-marée et les lougres, tous des types de bâtiments sur lesquels j’ai fait embarquer mon héros Laforest-Dombourg. Je l’ai également fait naviguer à bord d’un cutter dans la Manche, j’y consacrerai un article plus tard mais aujourd’hui j’ai envie de parler des goélettes bien qu’aucune ne soit encore apparue dans mes romans. J’ai eu l’occasion de me faire construire une embarcation gréée en goélette aurique au cours d’un de mes séjours en Afrique de l’Ouest et comme je dois prochainement retrouver des amis ayant connu le port de Boulbinet cela me permet de leur faire un clin d’œil.

Mais revenons au XVIIIème siècle avec cet extrait d’un article tiré d’un ouvrage d’époque consacré au gréement…

Les goëlettes, appelées en Anglois Schooners, sont pour la plupart des bâtiments de commerce très propres à la marche & à remonter contre le vent. Elles sont fort en usage chez les Anglois & les Américains, & dans nos colonies d’Amérique, &c. : elles sont de 50, 100 tonneaux , ou quelquefois plus. Il y en a qui sont armées en corsaire.

Elles portent deux mâts inclinés sur l’arrière avec un bout de beaupré d’une seule pièce fort allongé et peu relevé.

Le mât de misaine porte une voile à corne et le grand mât une voile à gui … En avant sont amurés sur le beaupré deux ou trois focs.

Le grand mât a son étai dirigé vers la tête du mât de misaine … de cette façon le mouvement de la voile de misaine & de son pic, de babord à tribord, n’est aucunement gêné, le pic ayant du jeu pour passer par-dessous cet étai quand on vire de bord…

Cela nous donne une description assez conforme à la goélette que j’avais fait construire, sauf pour le beaupré et, bien sûr, pour la taille car la mienne ne dépassait pas 40 pieds.

Dans ses mémoires le chevalier de Cotignon (que j’ai déjà mentionné plusieurs fois et qui m’a en partie inspiré pour imaginer mon Laforest-Dombourg) a laissé la description d’une goélette « américaine » dont on lui avait donné le commandement alors qu’il était garde-marine aux Antilles. Les transformations qu’il avait alors apportées à son bâtiment montrent que les marins de l’époque ne manquaient pas d’imagination et que le traité du gréement n’était pas un carcan pour eux. Laissons le décrire son gréement : « Je fis travailler à la mâture d’après les proportions que je donnai, les mâts majeurs portaient 36 pieds de long et les mâts de hune 30 (…) je donnai aussi la proportion de ma voilure et je commandai une grande voile, une misaine avec ses bonnettes, grands et petits perroquets, perroquets volants et trois voiles d’étai… ». Cette « goélette » était donc devenue un brigantin sur-toilé.

Pour en revenir à ma petite goélette africaine, j’avais choisi cette option uniquement parce que cela me permettait de simplifier mon gréement en étayant mon grand mât et ma misaine en ligne sur l’étrave, ce qui par ailleurs était conforme à la formule préconisée dans le traité du gréement du XVIIIème siècle. J’avais opté pour des voiles auriques plus faciles à étarquer avec un accastillage rustique que j’avais fait fabriquer par des menuisiers locaux sur des croquis que je leur donnais au fur et à mesure de la construction. Si j’avais eu le choix j’aurais préféré un gréement de ketch plus pratique à mon avis pour les réductions de voilure et moins contraignant au plein vent arrière.

J’avais apporté dans mes bagages de vieilles voiles conçues à l’origine pour un sloop gréé en marconi et je les avais fait retailler en voiles auriques, ce qui explique les numéros qui naturellement ne correspondaient absolument pas à ma « pirogue ». J’enregistrais malgré tout assez fréquemment 8 nœuds sur mon GPS portable quand la brise était favorable. Je reviendrai dans un prochain article sur une description plus détaillée de cette embarcation et de son accastillage de fortune.

Goélette

J’ai déjà évoqué les frégates de 12, les chasse-marée et les lougres, tous des types de bâtiments sur lesquels j’ai fait embarquer mon…

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